29 janv. 2010

Exposition/Résidence au Living Room, du 11/01/10 au 12/02/10

Dans le cadre de cet atelier/résidence au Living Room, le développement de mon projet s’appuie sur la disposition particulière du lieu. Celui-ci devient le point de départ d’une réflexion qui se sert de son identité comme base afin de conduire les recherches qui vont s’y dérouler. Le Living Room devient alors un laboratoire d’idées et d’expérimentations qui en s’étoffant durant ces quatre semaines donneront naissance aux pièces de l’exposition. C’est aussi de manière plus large, un travail d’investigation qui établit des parallèles entre ce que révèlent cet espace et le monde qui l’entoure. Ma démarche est de souligner ce que l’un et l’autre laissent percer d'eux-mêmes et ce qu’ils peuvent révéler l'un de l’autre.

Ces recherches sont aussi directement ou non, inspirées par les mouvances d’actualité de ces derniers mois et qui se sont déroulées ou poursuivies durant cette résidence, parmi lesquelles :

Ladite « pandémie » de grippe A, H1N1, le sommet de Copenhague et les problématiques climatiques, les problématiques liées au monde du travail, le mal être salarial dans les grandes entreprises, les situations et puissances économiques, le tremblement de terre à Haïti, les volontés politiques d’accroître les réseaux de caméras de surveillance, les scanners corporels et tous les lobbyings qui entourent l’ensemble de ces sujets…

2 ème semaine au Living Room

Projets réalisés à l’issue de la deuxième semaine de résidence.

pour cette deuxième semaine, Milan Tutunovic et Reynald Garenaux étaient invités à réfléchir et à produire une pièce en rapport avec la problématique engagée pour cette exposition.

(REC)ptile 1.0 (par Reynald Garenaux)

Je me suis laissé aller à imaginer quelle étrange créature pourrait habiter ce Vivarium. Une sorte d'énorme lézard bio mécanique fait de chairs et de tuyaux, de souffleries et de rouages... Une sorte d'hallucination, un monstre imaginaire sorti d'un film de science fiction... Bien entendu, cela n'est que ma version des faits... texte Reynald Garenaux

Variables (par Milan Tutunovic)

Le point de départ de la recherche menée pour cette performance est "Webbot", un logiciel qui opère indépendamment sur l'Internet. Il a été créé pour analyser les fluctuations et les variables des mots clés qui sont entrés dans les moteurs de recherche. Au départ, ce logiciel devait prévoir les mouvements boursiers mais les prédictions faites par "Webbot" ont dépassé les attentes de ses créateurs. Par exemple, une semaine avant le 9/11 il a catalogué une circulation supérieure de mots clés liés au terrorisme et à une attaque éventuelles du sol American. Ce logiciel procède comme une sorte de calculatrice des archétypes sémantiques, en étant toujours à l'écoute des internautes et de leurs intérêts mais sans prendre d’action directe quelconque.

Pour communiquer avec la problématique lancée par Cédric Jolivet, ma proposition se développe à partir de l'écrit d'un certain nombre de mots utilisés dans différentes sémantiques comme la sécurité, la législation et le domaine militaire. Ces mots ont été générés par un générateur de mots clés qui permet d'avoir des variables sémantiquement logiques. Comme source de ces variables, j'ai choisi des sites internet et des dictionnaires militaires, législatifs et sécuritaires.

Il s'agit d'une mise en abime typographique et contextuelle qui questionne la submersion du processeur individuel par les informations aléatoires.

texte Milan Tutunovic, photos Valérie Severac

Les Corbeaux ou « objectifs subjectifs »

Les corps physiques des photographes ont disparus, les objectifs de leurs appareils restent néanmoins braqués vers le spectateur, ils sont fixés au mur à hauteur d’homme et suivant des positions courantes adoptées lors de la prise de clichés (position debout, avec le genou au sol ou accroupie). Dans ce cas de figure, le public se trouve face à un mur voyeur qui suggère qu’il soit possible de l’observer à partir de l’autre côté. En même temps cela suscite l’envie de vérifier ce qui se passe derrière et si quelqu’un s’y trouve vraiment. Les spectateurs sont alors conduits à devenir à leur tour les voyeurs.

Cet ensemble d’objectifs qui par sa seule présence évoque les photographes est une allégorie de l’effacement de la conscience et de l’oubli des valeurs humaines chez certains rapporteurs de presse au profit de la mise en scène. Des hommes qui plutôt que de poser leur matériel se cachent derrière pour créer empathie, émotion et sensationnel à l’écran. Certains portent donc par exemple, moins naturellement assistance aux personnes en difficulté que pour la possibilité d’en ramener des images dont ils seraient les héros. Ces images et reportages sont ensuite présentés et donc regardées dans les JT, comme s’il s’agissait de banales émissions de télé réalité.

« Open Space »

Cynique jeu sur les mots à partir du nom de cette composition typique d’aménagement de bureau. La personne assise à l’un des deux plans de travail est visuellement coupée du reste des spectateurs par les panneaux qui restreignent son champ de vision, une caméra est braquée en face d’elle et le dispositif est placé de telle manière à ce que les autres personnes puissent avoir facilement vue sur elle (baie vitrée et zone de passage). Cet « espace ouvert » l’est, mais uniquement sur l’extérieur, de ce fait il devient alors « espace fermé », un espace panoptique qui crée un emprisonnement dans lequel il est impossible de se soustraire à la vue des autres tout en étant coupés d’eux.

Absurdité ?!

Une caméra face à un miroir, donc à elle-même, cette personnification de l’objet la mets-elle dans une position narcissique, d’auto surveillance ou surveille-t-elle ce qui se passe dans le reflet ?

Le miroir vers lequel elle est tournée permet aux gens qui la contemplent de regarder ce qui se passe derrière eux, néanmoins, ils entrent par là même, dans le champ de l’objectif. Regarder regarder, se regarder, se trouver regardé à regarder. Surveillons nous les surveillants, sommes nous surveillés lorsqu’on les surveille, les aidons nous à surveiller, ou poussant la logique jusqu’au bout, finissent-ils par se surveiller eux-mêmes?

Automatisation.

C’est un parcours dans la ville reconstitué par l’assemblage de photographies prises lors de différentes journées. Le point de vue est plongeant, il reprend les angles de vue des caméras de surveillance, le montage se compose d’une suite de minis plans constitués par l’assemblage de ces images. La mise en forme est menée de manière à évoquer une base de donnée issue d’un système de surveillance automatisé laissé à lui-même, fouillant et fouinant sans répit, allant d’un secteur à l’autre de la ville pour chercher quelqu’un ou quelque chose, peut être même sans but précis.

20 janv. 2010

1 ère semaine au Living-Room

Projets menés ou naissants à l’issue de la première semaine de résidence.

Fictive(s) Caméra(s)

De la rue, un moniteur vidéo permet d’observer les personnes filmées par une caméra de surveillance placée dans la galerie.

Au-dessus de la fenêtre qui permet la visibilité de cet écran vidéo, une autre caméra de surveillance est pointée vers le regardeur. Quel sera le comportement de cette personne au moment où elle s’apercevra qu’elle est susceptible d’être filmée en retour ? Restera-t-elle à regarder encore ou s’en ira-t-elle plus rapidement qu’en l’absence de cette caméra ?

Si cette personne passe le pas-de-porte de la galerie, elle s’apercevra que cette caméra n’était ni branchée, ni raccordée, cas échéant, il y a de fortes chances pour qu’elle croie véritablement avoir été filmé.

Si l’on s’est habitué à l’omniprésence des caméras installées, n’agissent elles pas moins sur nos comportements ?

Ce dispositif vise à questionner le spectateur sur le fait que par notre (relative) adaptation à ces réseaux de surveillances, nous puissions être amené à modifier nos gestes ou attitudes en ville, dans les magasins ou lieux publics de manière presque, voire totalement inconsciente.

Ces caméras sont très présentes, mais on ne sait ni qui, ni quand, ni si quelqu’un les regarde, on ne sait pas non plus si, comment et pour combien de temps, ces images sont conservées ou archivées.

Sténopé

Dès que le spectateur entre dans la galerie, il déclenche deux halogènes munis de capteurs situés face à lui et au-dessus de l’entrée d’un couloir. Le fond de ce couloir est obstrué par un mur blanc dans lequel, à la manière d’un sténopé, est percé un minuscule trou. Derrière ce sobre aménagement, l’image de la scène est visible projetée par rétro projection sur un petit écran, on peut l’observer, caché de tous, lorsque l’on se glisse derrière un rideau noir.

Après une bonne nuit de sommeil.

C’est un texte inspiré et construit à la manière et à partir de messages de prévention audibles à la radio ou à la télévision.

Il est diffusé sur un magnétophone du même type que ceux qui sont utilisés par les professeurs de langue pour faire écouter ou répéter des phrases ou sonorités à leur classe.

L’enregistrement recompose la journée type idéale, que les individus doivent mener en respectant ces divers conseils et messages de sensibilisations, cela porte sur des sujets comme l’alimentation, la sécurité routière, les règles de sécurité au travail, à la maison et avec les enfants en bas âge.

Mais ici, la machine détourne petit à petit les propos, y incère de nouvelles règles, elle tend notamment à inciter à la consommation, encourage à l’abnégation de soi au travail, incite à la délation de ses collègues ou fait un devoir d’avoir des enfants. Ces propos prennent corps en jouant sur la dramatisation ou la préconisation et s’infiltrent de manière vicieuse dans des phrases aux apparences anodines. Cette pièce est une manière de montrer comment des dérives arrivant assez lentement pour que l’on ne puisse les remarquer peuvent petit à petit faire entrer un individu dans un système de pensée prédéfini sous couvert de lui apporter des solutions et des conseils pour son bien être et sa liberté individuelle immédiate.