27 oct. 2010

Le cas échéant...

L’exposition Le cas échéant... est une exposition collaborative avec Milan Tutunovic et Reynald Garénaux qui s’est tenue du 16 au 26 septembre à la galerie Saint Ravy de Montpellier. De cette rencontre prenant comme points de départ l’architecture informelle, la constitution des bidonvilles (cf. «Le pire des mondes possibles» de Mike Davis) et le rapport à la terre, ses occupations et déplacements, sont nées des pièces personnelles ou réalisées à quatre mains qui dialoguaient entre-elles de manière à former un tout global. L’accrochage formé d’épaisseurs et de strates successives en perpétuelle évolution s’est composé des pièces suivantes : une performance de Milan Tutunovic qui déplaçait journalièrement un tas de 25 kg de terre avec une petite culière, une pièce sonore de Reynald Garénaux diffusée dans une cave entrouverte sous le plancher de la galerie, un texte réalisé en commun par Reynald et Milan traitant de ressentis et de textures, une maquette à laquelle j’ajoutais jour après jour des éléments, n’a cessée de croître durant la durée de l’exposition, un diptyque de Reynald réalisé au fusain sur des panneaux de bois lui faisait réponse et une vidéo commune entre Reynald (la partie sonore) et moi même (l’image) était projetée. Cédric Jolivet, sans titre, carton recyclé, carton plume, bois, env 150x100x90cm, 2010. Cette maquette tout d’abord semblable à celle d’un projet architectural utopiste a été complétée quotidiennement au cours d’un work in progress. Des éléments y étaient rajoutés afin qu’elle croisse, se retrouve greffée d’éléments, boursouflures et excroissances qui s’étalent, s’encastrent et s’imbriquent. Tous ces volumes simples s’empilent et se complètent s’appuient les uns sur les autres à la manière des cabanes et abris de fortune qui forment et composent la trame informelle des quartiers péri urbains de certaines mégapoles. Milan Tutunovic, Performance, terre et petite cuillère, 2010 Reynald Garénaux, fusain, panneaux de contreplaqué, 2010 Cédric Jolivet, Reynald Garénaux, sans titre, vidéo, 5 minutes, 2010. Il s’agit là d’un plan séquence composé de travellings qui suivent le bras articulé d’une pelleteuse. Ce bras sans corps se déplace de nuit derrière une zone boisée à la seule lumière de ses projecteurs, on ne sait si il creuse déplace ou détruit, les tonalités froides de l’éclairage et la mise en mouvement insufflé aux branchages par le vent glacial de l’hiver contribuent à faire émerger l’étrangeté de la scène. Le travail sonore incorporé à cette vidéo a été réalisée par Reynald Garénaux, il parfait l’immersion du spectateur dans son univers par reprise détournements et transformations des sons.

22 juil. 2010

Water Walk

Jagna Ciuchta, David Coste, Cédric Jolivet, Julien Pastor,France Valliccioni, Clotilde Viannay et Maria Nordman

Parcours d'art contemporain en vallée du Lot

CAJARC / CALVIGNAC / LARNAGOL / CÉNEVIÈRES /SAINT-MARTIN-LABOUVAL / SAINT-CIRQ-LAPOPIE

5 juillet - 12 septembre 2010

ICI: la page du site de la Maison des arts Georges Pompidou

Road sets

2010 Granulats de caoutchouc, liant polyuréthane, fers à béton.8 pièces allant de 80x3x3cm à 250x190x3cm Le point de départ à la création de cette pièce sont des photographies satellitaires google earth du désert d'Arabie Saoudite. Intéressé par la répercussion qu'ont les changements de zones géographiques de cultures intensives ou la cessation d’activité de puits d’extraction pétrolières sur ces infrastructures routières devenues obsolètes, j'ai décidé de prendre ces routes lentement effacées par le sable qui les recouvre, comme matière à l'élaboration de cette sculpture. Ces voies bitumineuses devenues des objets absurdes, moulés à même le paysage, constitués de culs de sacs et de voies sans issues sont traités ici par analogie techniques dans la mise oeuvre. Entre le sujet originel et la sculpture, le lien s'opère entre la coulée de bitume dans un sol terrassé et le tirages unique par moulage à perte de chaque élément de road sets. Les matériaux utilisés sont des granulats de caoutchouc issus du recyclage par broyage de pneumatiques usagés qui servent habituellement à réaliser des sols techniques pour les pistes d’athlétisme ou des surfaces d’amortissement autour des jeux pour enfants. Lorsque l’on met côte à côte la provenance de ces granulats, l’absurdité de la situation de ces ex-voies de transport devient une métaphore de la course au profit d’hommes adultes dans un jeux grandeur nature qui reste finalement assez proche de la cour d’école. Sorties de leur moule ces "routes", sont ensuite amassées les unes contre les autres et donnent lieu à un enchevêtrement à la fois pluridirectionnel et ne menant nulle part comme pour rendre encore plus forte l'absurdité qui se dégage de cette situation.

Brenda, Samantha et Angelina

2010 Bois, polystyrène extrudé, bâche polyéthylène, peinture de façade. 3 volumes de 3x2,50x2m Ce sont trois grâces avec lesquelles on peut accéder a une parcelle de bonheur et pour pas cher. Leurs standards le prouvent car bien qu’étrangers au paysage, ils promettent une vie de rêve avec son coin à soi, son chez soi. C’est aussi la parodie standardisée de ce rêve flottant sur plusieures générations successives tendant vers l’acte de propriété accessible. Une série B à l'américaine reconnaissable aux prénoms utilisés de manière récurrente pour identifier de quelconques personnages féminins. concrètement, nous sommes en présence de trois volumes au quart des dimensions courantes d’architecture type de maisons témoin, souvent organisées en lotissements. C’est aussi à des fins de rentabilité, pouvoir en caser le plus possible dans un minimum d’espace et construire de manière sérielle. Dans cette installation, les formes de ces trois maisons sont signifiées par un squelette reprenant les arêtes structurelles de leur volume. L’endroit où elles sont présentées rappelle les modalités d’implantation générique de ce type de lotissements, (en bordure de route et sur des terrains peu chers voir inondables). Le tout est préfabriqué puis assemblé sur place. Les jeux visuels avec l’eau comme miroir diversifient les points de vue et transfigurent ces objets en opérant des glissements vers d’autres formes. Par la mobilité de chaque volume, ce « lotissement à la dérive » vient déstructurer de manière poétique les codes d’organisation classique tout en rappelant la précarité et l'indigence de ce genre de constructions fuies de toutes véritables qualités architecturales.

De l’autre côté

2010 dispositif vidéo sur écran circulaire (ø, env1,50m) Grâce à Internet, se croire être de l’autre côté du monde nous est plus que jamais accessible. Mais cette ambition ne se résume finalement qu’en notre capacité à nous projeter par l’imaginaire dans ce qui est visible au travers de notre écran. D’une manière pragmatique, nous ne sommes finalement que derrière un écran d’ordinateur ou de téléphone portable. Je propose par ce dispositif vidéo de retrouver une similarité avec cette situation. Les spectateurs peuvent s’imaginer voir véritablement le ciel étoilé de la Nouvele Zélande au travers de ses eaux territoriales (qui se trouvent en dessous de Saint Cirq Lapopie ) ou simplement profiter d'une projection. Bien sûr la vue ne se veut pas hyperréaliste mais elle est librement interprétée, tout comme l’imagerie du web peut osciller entre fakes et rendus fidèles de la réalité.

V10 000

2010 Piquets en fibre de verre, fil de clôture et isolateurs Ø : 3,20m Sphère géodésique inspiré de formes géométriques relevées dans la nature, elle se réfère aussi bien à l’auto construction ( où ce type d’assemblage y est fréquent) qu’à l’agriculture (par les matériaux qui la compose). Ces matériaux de clôture visibles dans les paysages ruraux sont ici retirés de leur contexte habituel, détournés et assemblés différemment ils font le lit à l’élaboration d’un objet non identifié réintégré dans le paysage. Ces objets qui habituellement forment de « frontières électriques » entre terrains d’élevages et parcelles de cultures, zones « sauvages » ou d’habitation, donnent ainsi naissance à cette géode maintenue par la tension des fils qui la constituent. Via son introduction dans ce paysage médiéval, cet objet qui fait signal sur le site castral telle une sonde atmosphérique, un observatoire spatial déchu ou une antenne radar nous rappelle également la vocation de surveillance de la construction médiévale. Cette "excroissance" constituée de matériaux de synthèse potentiellement dangereux lorsqu’ils sont reliés à un électrificareur ouvre un dialogue avec la pièce Jard1, objet tout aussi étrange qui permet de faire vivre et voyager des végétaux dans des lieux improbables.

5 mai 2010

Jard1, le 22 Avril

2010 Matériaux divers ( aluminium, végétaux, panneau solaire… transformateur de tension, régulateur de tension/intensité, batterie 12v, programmateur électrique, pompe à eau, système de goutte à goutte, panneaux de grillage, feutre géotextile et sphaigne, eau, sels minéraux concentrés. h.75, x L.62 x l.62 cm replié env h.110 x L. 130 x l.130cm déployé (photos de Bruno Grandsire)

Jard1 lors du vernissage du retour de Skopje de la BJCEM, le 1er Avril à la galerie Montgrand de Marseille

C’est un jardin qui se replie sur lui-même en une sorte de flight case lui permettant d’être aisément transporté. Des jeux s’opèrent entre la nature qu’il contient et sa constitution mécanique, artificielle et chimique qui questionne notre rapport à l’environnement. Équipé d’un panneau solaire, il est autonome quant à la production d’énergie nécessaire pour assurer l’irrigation des végétaux qui s’y développent. Il est aussi possible de l’alimenter en le branchant sur secteur ou sur une prise allume cigare. Si ce « mini paysage » permet d’être pris avec soi, et d’être installé quasiment partout pour apporter un havre de verdure, cette hétérotopie révèle aussi un écosystème partagé entre naturel et artificiel dans lequel les végétaux se retrouvent en rupture vis-à-vis de leur milieu naturel originel et de leurs habitudes d’alimentation. En élargissant les possibilités et les champs d’investigation ouverts par Jard1, il pourrait devenir le point de départ d’une déclinaison de projets, alliant tout comme lui la nature et la technique.

20 mars 2010

BJCEM, retour de Skopje à Marseille du 2 Avril au 15mai 2010

Retour de biennale dans la cité phocéenne, il nous a été demandé de présenter de nouvelles pièces que celles déjà vues sur Montpellier et Skopje, pour ma part, la mienne sera visible à la galerie Montgrand. Infos sur www.bjcem.net et espaceculture_marseille

11 févr. 2010

3 ème semaine au living Room, et fin de la résidence.

54A4

Il s’agit du reflet d’un immeuble d’habitation dans un immeuble comportant un mur-rideau en verre, c’est aussi une succession de recadrages, les fenêtres du premier se retrouvent cadrées par celles du second. Le morcellement de l’image, opéré par les reflets de chaque partie vitrée est accentué par un nouveau recadrage au sein de formats A4 dont les bordures de surface d’impression ont été gardées. Épinglés côte à côte, ils recomposent l’image et laissent l’éventualité, néanmoins restreinte par les murs, d’agrandir le champ de l’image en épinglant d’autres feuilles.

Mur Blanc.

J’ai voulu me servir d’Open Space comme plateforme à la création d’une autre pièce.

Il en résulte cette vidéo, deux plans séquence, diffusés côte à côte sur deux moniteurs. Ils pourraient être l’archive d’une discussion qui se serait tenu entre deux personnes venant travailler quotidiennement en ces lieux et place. Filmés par les caméras situées en face d’eux, les deux protagonistes mis en scène, ne communiquent pas, face à la paroi blanche de l’open space, ils explicitent leurs propres certitudes. En voix-off, on entend leurs pensées obsessionnelles. Par le choix de jouer seul les deux personnages, le discours prend une forme schizophrénique révélatrice de l’enfermement dans lequel ils se trouvent.

Leurs dires et comportements face au système dont ils sont de simples composants révèlent leur position morale, si l’un suit aveuglément ce système, croyant à tort qu’il est bénéfique pour lui, l’autre essaye de s’en extraire, sans vraiment réussir à honorer ce choix.

Quelques variations dans l'accrochage général

Voici, l'accrochage tel qu'il se présentait à l'issue de cette dernière semaine de résidence.

29 janv. 2010

Exposition/Résidence au Living Room, du 11/01/10 au 12/02/10

Dans le cadre de cet atelier/résidence au Living Room, le développement de mon projet s’appuie sur la disposition particulière du lieu. Celui-ci devient le point de départ d’une réflexion qui se sert de son identité comme base afin de conduire les recherches qui vont s’y dérouler. Le Living Room devient alors un laboratoire d’idées et d’expérimentations qui en s’étoffant durant ces quatre semaines donneront naissance aux pièces de l’exposition. C’est aussi de manière plus large, un travail d’investigation qui établit des parallèles entre ce que révèlent cet espace et le monde qui l’entoure. Ma démarche est de souligner ce que l’un et l’autre laissent percer d'eux-mêmes et ce qu’ils peuvent révéler l'un de l’autre.

Ces recherches sont aussi directement ou non, inspirées par les mouvances d’actualité de ces derniers mois et qui se sont déroulées ou poursuivies durant cette résidence, parmi lesquelles :

Ladite « pandémie » de grippe A, H1N1, le sommet de Copenhague et les problématiques climatiques, les problématiques liées au monde du travail, le mal être salarial dans les grandes entreprises, les situations et puissances économiques, le tremblement de terre à Haïti, les volontés politiques d’accroître les réseaux de caméras de surveillance, les scanners corporels et tous les lobbyings qui entourent l’ensemble de ces sujets…

2 ème semaine au Living Room

Projets réalisés à l’issue de la deuxième semaine de résidence.

pour cette deuxième semaine, Milan Tutunovic et Reynald Garenaux étaient invités à réfléchir et à produire une pièce en rapport avec la problématique engagée pour cette exposition.

(REC)ptile 1.0 (par Reynald Garenaux)

Je me suis laissé aller à imaginer quelle étrange créature pourrait habiter ce Vivarium. Une sorte d'énorme lézard bio mécanique fait de chairs et de tuyaux, de souffleries et de rouages... Une sorte d'hallucination, un monstre imaginaire sorti d'un film de science fiction... Bien entendu, cela n'est que ma version des faits... texte Reynald Garenaux

Variables (par Milan Tutunovic)

Le point de départ de la recherche menée pour cette performance est "Webbot", un logiciel qui opère indépendamment sur l'Internet. Il a été créé pour analyser les fluctuations et les variables des mots clés qui sont entrés dans les moteurs de recherche. Au départ, ce logiciel devait prévoir les mouvements boursiers mais les prédictions faites par "Webbot" ont dépassé les attentes de ses créateurs. Par exemple, une semaine avant le 9/11 il a catalogué une circulation supérieure de mots clés liés au terrorisme et à une attaque éventuelles du sol American. Ce logiciel procède comme une sorte de calculatrice des archétypes sémantiques, en étant toujours à l'écoute des internautes et de leurs intérêts mais sans prendre d’action directe quelconque.

Pour communiquer avec la problématique lancée par Cédric Jolivet, ma proposition se développe à partir de l'écrit d'un certain nombre de mots utilisés dans différentes sémantiques comme la sécurité, la législation et le domaine militaire. Ces mots ont été générés par un générateur de mots clés qui permet d'avoir des variables sémantiquement logiques. Comme source de ces variables, j'ai choisi des sites internet et des dictionnaires militaires, législatifs et sécuritaires.

Il s'agit d'une mise en abime typographique et contextuelle qui questionne la submersion du processeur individuel par les informations aléatoires.

texte Milan Tutunovic, photos Valérie Severac

Les Corbeaux ou « objectifs subjectifs »

Les corps physiques des photographes ont disparus, les objectifs de leurs appareils restent néanmoins braqués vers le spectateur, ils sont fixés au mur à hauteur d’homme et suivant des positions courantes adoptées lors de la prise de clichés (position debout, avec le genou au sol ou accroupie). Dans ce cas de figure, le public se trouve face à un mur voyeur qui suggère qu’il soit possible de l’observer à partir de l’autre côté. En même temps cela suscite l’envie de vérifier ce qui se passe derrière et si quelqu’un s’y trouve vraiment. Les spectateurs sont alors conduits à devenir à leur tour les voyeurs.

Cet ensemble d’objectifs qui par sa seule présence évoque les photographes est une allégorie de l’effacement de la conscience et de l’oubli des valeurs humaines chez certains rapporteurs de presse au profit de la mise en scène. Des hommes qui plutôt que de poser leur matériel se cachent derrière pour créer empathie, émotion et sensationnel à l’écran. Certains portent donc par exemple, moins naturellement assistance aux personnes en difficulté que pour la possibilité d’en ramener des images dont ils seraient les héros. Ces images et reportages sont ensuite présentés et donc regardées dans les JT, comme s’il s’agissait de banales émissions de télé réalité.

« Open Space »

Cynique jeu sur les mots à partir du nom de cette composition typique d’aménagement de bureau. La personne assise à l’un des deux plans de travail est visuellement coupée du reste des spectateurs par les panneaux qui restreignent son champ de vision, une caméra est braquée en face d’elle et le dispositif est placé de telle manière à ce que les autres personnes puissent avoir facilement vue sur elle (baie vitrée et zone de passage). Cet « espace ouvert » l’est, mais uniquement sur l’extérieur, de ce fait il devient alors « espace fermé », un espace panoptique qui crée un emprisonnement dans lequel il est impossible de se soustraire à la vue des autres tout en étant coupés d’eux.